La traduction automatique

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Qu’est-ce que la traduction automatique ?

Difficile d’ignorer la traduction automatique ! Entre Google, Systran, Reverso, Promt, les tentatives d’automatiser intégralement le processus de traduction sont nombreuses, et le Web contribue à les faire connaître d’un public toujours plus large. Et pourtant, l’affaire est bien plus complexe qu’il n’y paraît.

Seulement 1% du marché

Saviez-vous que les pages du site Web du traducteur automatique de Reverso sont affichées plus de 60 millions de fois par mois ? Cette immense popularité fait d’ailleurs de ce site un excellent support publicitaire, comparable à d’autres grands carrefours du Net, comme 01 Net ou le JDN. Impossible de nier que les utilisateurs de traduction automatique sont nombreux. Pourtant, le CA cumulé des trois principaux acteurs en la matière, inférieur à 50 millions d’euros, est ridicule comparé au marché global de la traduction professionnelle, qui pèse 15 milliards de dollars annuels (et c’est une estimation basse). La part de la traduction automatique est de l’ordre de 1% du marché total… La traduction automatique bénéficie d’une visibilité largement supérieure à son utilisation.

 

Une question de productivité ?

Ces outils tentent pourtant de résoudre un problème bien réel : si les volumes de traduction augmentent sans cesse, le nombre de traducteurs professionnels, lui, reste relativement stable (environ 250 000 personnes dans le monde). La traduction étant une activité intellectuelle complexe qui exige un degré de concentration très important, il est particulièrement difficile d’agir sur la productivité des traducteurs (2500 mots traduits par jour en moyenne). Letravail quotidien du traducteur d’aujourd’hui ne ressemble pourtant plus à ce qui était courant il y a une petite vingtaine d’années. Le traitement de textes s’est répandu, et de nombreux outils complémentaires ont fait leur apparition pour créer les conditions d’une productivité supérieure. Ils permettent de ne pas traduire plusieurs fois la même phrase. Autre outil de productivité très efficace, mais peu évoqué, la dictée vocale, qui remplace la sténo-dactylo d’autrefois (dans les années 70, certains traducteurs dictaient leur texte). Il faut aussi mentionner les efforts des acteurs du secteur de la traduction professionnelle pour ôter aux traducteurs toutes les tâches qui ne sont pas de la traduction stricto-sensu. La plupart des agences pré-traitent les fichiers avant de les envoyer en traduction, et les post-traitent ensuite. Cette standardisation des processus et des fonctions est directement liée à l‘industrialisation de nos métiers, elle-même tirée par la demande émanant des grands clients. Microsoft, IBM, BMW ou Sony conçoivent la traduction comme partie intégrante du développement de leurs produits, et imposent la mise en place de processus documentés très précis, intégrés à leur mode de production.

 

 

 

 

L’homme ou la machine ?

Logiciels à mémoire de traduction, traitement de textes, dictée vocale, processus documentés de gestion de projets et contrôles qualité standardisés, tout ceci insère le traducteur dans une chaîne de production et optimise sa productivité. Pourtant… il faut bien reconnaître que ce n’est parfois pas assez. Or, si rien ne remplace l’homme en matière de compréhension et de productivité, rien ne remplace la machine pour ce qui est de la rigueur et de la productivité. Et voilà pourquoi, malgré tout, l’usage de la traduction automatique se répand dans le monde de la traduction professionnelle. Microsoft, par exemple, traduit automatiquement une grande partie de la documentation de ses logiciels, et fait réviser le texte produit.

 

 

Plusieurs solutions 

Car obtenir un texte publiable en l’état à l’aide d’un logiciel de traduction automatique est, pour le moment, impossible. Ne parlons pas des outils gratuits disponibles sur le Web, qui servent uniquement à créer du trafic, et intéressons-nous aux autres solutions: il existe des logiciels de traduction automatique pour poste de travail (comme Reverso Translator ou Systran Office Translator), qui sont déclinés en plusieurs versions (familiales, professionnelles, etc.) et des logiciels serveur de traduction automatique (comme Systran Enterprise Server ou @Promt Translation Server). Ces logiciels sont capables de fournir des traductions de très bonne qualité, quoique non publiables telles quelles, dans certaines conditions.

 

 

Travailler avec un logiciel de traduction

Lesquels ? Il faut les paramétrer, c’est-à-dire, au minimum, créer et mettre à jour en continu des dictionnaires personnalisés. Au fur et à mesure que le logiciel propose des traductions, on insère des expressions dans son dictionnaire, on remplace la traduction utilisée pour un verbe ou un nom par une autre, plus appropriée, on indique le mode de déclinaison des termes, leur nature, leur fonction, le modèle de conjugaison des verbes, on repère les mots qu’i faut ne pas traduire (les noms de logiciels, par exemple), etc. Ce travail de personnalisation n’est jamais terminé, car il faut sans cesse le reprendre de texte en texte: chaque document possède en quelque sorte son dictionnaire propre, car chacun crée son propre contexte. C’est aussi pour cela que le travail de personnalisation effectué par analyse préalable des textes, c’est-à-dire avant la traduction elle-même, donne rarement de bons résultats: on oublie toujours quelque chose.

 

 

Une personnalisation linguistique

En fait, pour personnaliser un logiciel de traduction automatique, il convient d’avoir des compétences de linguiste, de travailler sur un texte dont la langue cible est sa langue maternelle, bref, d’être soi-même traducteur ! Au cours de ce travail de personnalisation, il est parfois plus efficace, pour obtenir une traduction juste, de réécrire telle ou telle phrase source et de ré-exécuter le traducteur automatique, plutôt que de personnaliser à outrance le dictionnaire. Les moteurs de traduction produisent en effet des résultats très différents suivant la façon dont ils analysent la phrase d’origine, qui dépend de la manière dont elle est rédigée. Ils sont extrêmement sensibles à la construction de la phrase.

Outre ce travail de reformulation du texte source et de personnalisation des dictionnaires employés, on peut aussi agir sur les règles de traduction utilisées. Si l’on connaît et comprend les règles de traduction employées par le moteur, on peut, au vu d’une phrase, identifier une autre façon de faire et demander à la machine de modifier la règle et de traduire la phrase à nouveau. Les logiciels les plus puissants laissent l’utilisateur décider s’il veut modifier la règle uniquement pour la phrase en cours, pour le document complet, ou pour tous les documents à venir.

 

 

Des moteurs hybrides

Certains moteurs, comme celui de Systran Translation Server, sont hybrides: ils exploitent à la fois la technologie d’analyse sémantique traditionnelle, et la technologie d’analyse statistique, popularisée par Google Translate. Il s’agit de déterminer quelle proposition de traduction est la plus vraisemblable en s’appuyant sur l’analyse statistique d’un grand nombre de textes dont le contenu est comparable à celui qui est en cours de traduction. Ces systèmes offrent un mode de personnalisation supplémentaire puisqu’il est possible de les “entraîner” sur un corpus de textes avant de démarrer le travail de traduction proprement dit. L’analyse syntaxique est ensuite modérée par les résultats de l’analyse statistique, et la formulation résultante est proche de celle des textes du corpus. Ce processus est itératif: la traduction, une fois finalisée par l’opérateur, constitue une Mémoire de traduction. Cette Mémoire est incorporée au corpus de textes qui servira aux prochaines analyses statistiques.

 

 

Une traduction semi-automatique

 On le voit: la traduction automatique n’est pas si “automatique” que cela. Et ses résultats peuvent s’avérer excellents, et publiables, s’ils ont été obtenus en associant le moteur de traduction, un logiciel à Mémoire de traduction, et un traducteur professionnel. Car il faut être traducteur soi-même pour constituer des corpus pertinents, reformuler le texte source, sélectionner les dictionnaires adéquats, modifier les règles de traduction, mettre à jour un dictionnaire… Autrement dit, les outils de traduction automatique sont de formidables outils …pour traducteurs.

Dans ces conditions, est-ce que la traduction “semi”-automatique représente un gain de productivité ? Oui, aucun doute. Malgré le temps que représentent toutes ces actions de personnalisation et de gestion, la traduction automatique assistée permet de multiplier par quatre ou cinq la quantité de mots produite en une seule journée. L’auteur de ces lignes peut en témoigner, pour avoir mené la traduction de deux ouvrages d’informatique (environ 2000 pages de texte) dans des délais record, en produisant 2000 mots de l’heure !

Tout ce travail autour des moteurs de traduction n’a pas grand-chose à voir avec le fait de cliquer sur un bouton et d’obtenir en retour un texte traduit dans une langue étrangère qu’on ne maîtrise pas. Cette approche là, autour de laquelle communiquent les éditeurs des logiciels, ne donne pas de bons résultats, et en tous les cas pas de résultats comparables à ce que fournit un traducteur professionnel.

D’ailleurs, les résultats de l’approche “tout automatique” sont aisément vérifiables, puisque c’est de cette façon, sans aucune intervention humaine, que sont traduites les pages du site Web du Ministère de la Culture, par exemple. Pour évaluer la qualité de ce travail, il suffit de demander à une connaissance de lire les pages traduites dans sa langue maternelle et de lui demander son opinion.

Pourtant, il existe une demande de traduction extrêmement rapide, pour ce qui relève de l’actualité par exemple, où les solutions de traduction automatique ont toute leur part à jouer… en liaison avec des traducteurs professionnels !