Ceux qui se reconnaissent dans ces dernières lignes souhaitent peut-être savoir combien il y a de traducteurs indépendants en France, quelles sont leurs spécialités, comment ils font pour trouver des clients, ce que leurs clients attendent d'eux, ce que c'est finalement, qu'un traducteur qui réussit, quels sont ses outils, et, cerise sur le gâteau, lire quelques témoignages et conseils d'aînés aux débutants. Dans ce cas, n'hésitez pas à lire l'excellent ouvrage de Daniel Gouadec sur la question :
, paru aux Editions du Dictionnaire. Bonne lecture !
Difficile d'ignorer la traduction automatique ! Entre Google, Systran, Reverso, Promt, les tentatives d'automatiser intégralement le processus de traduction sont nombreuses, et le Web contribue à les faire connaître d'un public toujours plus large. Saviez-vous, par exemple, que les pages du site Web du traducteur automatique de Reverso sont affichées plus de 60 millions de fois par mois ? Cette immense popularité fait d'ailleurs de ce site un excellent support publicitaire, comparable à d'autres grands carrefours du Net, comme 01 Net ou le JDN. Impossible de nier que les utilisateurs de traduction automatique sont nombreux. Pourtant, le CA cumulé des trois principaux acteurs en la matière, inférieur à 50 millions d'euros, est ridicule comparé au marché global de la traduction professionnelle, qui pèse 15 milliards de dollars annuels (et c'est une estimation basse). La part de la traduction automatique est de l'ordre de 1% du marché total... La traduction automatique bénéficie d'une visibilité largement supérieure à son utilisation.
Ces outils tentent pourtant de résoudre un problème bien réel : si les volumes de traduction augmentent sans cesse, le nombre de traducteurs professionnels, lui, reste relativement stable (environ 250 000 personnes dans le monde). La traduction étant une activité intellectuelle complexe qui exige un degré de concentration très important, il est particulièrement difficile d'agir sur la productivité des traducteurs (2500 mots traduits par jour en moyenne). Le problème n'est pas nouveau, et le travail quotidien du traducteur d'aujourd'hui ne ressemble plus guère à ce qui était courant il y a une petite vingtaine d'années. Le traitement de textes s'est répandu, et de nombreux outils complémentaires ont fait leur apparition pour créer les conditions d'une productivité supérieure. À commencer par les logiciels à Mémoire de traduction (SDL Trados, Wordfast, Déjà Vu, Similis sont les plus connus), qui permettent de ne pas traduire plusieurs fois la même phrase. Autre outil de productivité très efficace, mais peu évoqué, la dictée vocale, qui remplace la sténo-dactylo d'autrefois (dans les années 70, certains traducteurs dictaient leur texte). Il faut aussi mentionner les efforts des acteurs du secteur de la traduction professionnelle pour ôter aux traducteurs toutes les tâches qui ne sont pas de la traduction stricto-sensu. La plupart des agences pré-traitent les fichiers avant de les envoyer en traduction, et les post-traitent ensuite. Cette standardisation des processus et des fonctions est directement liée à l'industrialisation de nos métiers, elle-même tirée par la demande émanant des grands clients. Microsoft, IBM, BMW ou Sony conçoivent la traduction comme partie intégrante du développement de leurs produits, et imposent la mise en place de processus documentés très précis, intégrés à leur mode de production.
Logiciels à mémoire de traduction, traitement de textes, dictée vocale, processus documentés de gestion de projets et contrôles qualité standardisés, tout ceci insère le traducteur dans une chaîne de production et optimise sa productivité. Pourtant... il faut bien reconnaître que ce n'est parfois pas assez. Or, si rien ne remplace l'homme en matière de compréhension et de productivité, rien ne remplace la machine pour ce qui est de la rigueur et de la productivité. Et voilà pourquoi, malgré tout, l'usage de la traduction automatique se répand dans le monde de la traduction professionnelle. Microsoft, par exemple, traduit automatiquement une grande partie de la documentation de ses logiciels, et fait réviser le texte produit.
Car obtenir un texte publiable en l'état à l'aide d'un logiciel de traduction automatique est, pour le moment, impossible. Ne parlons pas des outils gratuits disponibles sur le Web, qui servent uniquement à créer du trafic, et intéressons-nous aux autres solutions: il existe des logiciels de traduction automatique pour poste de travail (comme Reverso Translator ou Systran Office Translator), qui sont déclinés en plusieurs versions (familiales, professionnelles, etc.) et des logiciels serveur de traduction automatique (comme Systran Enterprise Server ou @Promt Translation Server). Ces logiciels sont capables de fournir des traductions de très bonne qualité, quoique non publiables telles quelles, dans certaines conditions.
Lesquelles ? Il faut les paramétrer, c'est-à-dire, au minimum, créer et mettre à jour en continu des dictionnaires personnalisés. Au fur et à mesure que le logiciel propose des traductions, on insère des expressions dans son dictionnaire, on remplace la traduction utilisée pour un verbe ou un nom par une autre, plus appropriée, on indique le mode de déclinaison des termes, leur nature, leur fonction, le modèle de conjugaison des verbes, on repère les mots qu'i faut ne pas traduire (les noms de logiciels, par exemple), etc. Ce travail de personnalisation n'est jamais terminé, car il faut sans cesse le reprendre de texte en texte: chaque document possède en quelque sorte son dictionnaire propre, car chacun crée son propre contexte. C'est aussi pour cela que le travail de personnalisation effectué par analyse préalable des textes, c'est-à-dire avant la traduction elle-même, donne rarement de bons résultats: on oublie toujours quelque chose.
En fait, pour personnaliser un logiciel de traduction automatique, il convient d'avoir des compétences de linguiste, de travailler sur un texte dont la langue cible est sa langue maternelle, bref, d'être soi-même traducteur ! Au cours de ce travail de personnalisation, il est parfois plus efficace, pour obtenir une traduction juste, de réécrire telle ou telle phrase source et de ré-exécuter le traducteur automatique, plutôt que de personnaliser à outrance le dictionnaire. Les moteurs de traduction produisent en effet des résultats très différents suivant la façon dont ils analysent la phrase d'origine, qui dépend de la manière dont elle est rédigée. Ils sont extrêmement sensibles à la construction de la phrase.
Outre ce travail de reformulation du texte source et de personnalisation des dictionnaires employés, on peut aussi agir sur les règles de traduction utilisées. Si l'on connaît et comprend les règles de traduction employées par le moteur, on peut, au vu d'une phrase, identifier une autre façon de faire et demander à la machine de modifier la règle et de traduire la phrase à nouveau. Les logiciels les plus puissants laissent l'utilisateur décider s'il veut modifier la règle uniquement pour la phrase en cours, pour le document complet, ou pour tous les documents à venir.
Certains moteurs, comme celui de Systran Translation Server, sont hybrides: ils exploitent à la fois la technologie d'analyse sémantique traditionnelle, et la technologie d'analyse statistique, popularisée par Google Translate. Il s'agit de déterminer quelle proposition de traduction est la plus vraisemblable en s'appuyant sur l'analyse statistique d'un grand nombre de textes dont le contenu est comparable à celui qui est en cours de traduction. Ces systèmes offrent un mode de personnalisation supplémentaire puisqu'il est possible de les "entraîner" sur un corpus de textes avant de démarrer le travail de traduction proprement dit. L'analyse syntaxique est ensuite modérée par les résultats de l'analyse statistique, et la formulation résultante est proche de celle des textes du corpus. Ce processus est itératif: la traduction, une fois finalisée par l'opérateur, constitue une Mémoire de traduction. Cette Mémoire est incorporée au corpus de textes qui servira aux prochaines analyses statistiques.
On le voit: la traduction automatique n'est pas si "automatique" que cela. Et ses résultats peuvent s'avérer excellents, et publiables, s'ils ont été obtenus en associant le moteur de traduction, un logiciel à Mémoire de traduction, et un traducteur professionnel. Car il faut être traducteur soi-même pour constituer des corpus pertinents, reformuler le texte source, sélectionner les dictionnaires adéquats, modifier les règles de traduction, mettre à jour un dictionnaire... Autrement dit, les outils de traduction automatique sont de formidables outils ...pour traducteurs.
Tout ce travail autour des moteurs de traduction n'a pas grand-chose à voir avec le fait de cliquer sur un bouton et d'obtenir en retour un texte traduit dans une langue étrangère qu'on ne maîtrise pas. Cette approche là, autour de laquelle communiquent les éditeurs des logiciels, ne donne pas de bons résultats, et en tous les cas pas de résultats comparables à ce que fournit un traducteur professionnel.
D'ailleurs, les résultats de l'approche "tout automatique" sont aisément vérifiables, puisque c'est de cette façon, sans aucune intervention humaine, que sont traduites les pages du site Web du Ministère de la Culture, par exemple. Pour évaluer la qualité de ce travail, il suffit de demander à une connaissance de lire les pages traduites dans sa langue maternelle et de lui demander son opinion.< br /> Pourtant, il existe une demande de traduction extrêmement rapide, pour ce qui relève de l'actualité par exemple, où les solutions de traduction automatique ont toute leur part à jouer... en liaison avec des traducteurs professionnels !
Traduction : un marché de 15 milliards de dollars
Common Sense Advisory, une société d'étude et de conseil américaine spécialisée dans le secteur de la traduction et de la localisation, qui suit le marché avec beaucoup de précision depuis plusieurs années, estime que le marché mondial de la traduction représente en 2009 un poids global de 15 milliards de dollars (soit, par exemple, l'équivalent du marché de la musique en ligne), et qu'il est en croissance régulière de 15% par an. En 2005, la croissance annuelle était estimée à seulement 12% par la société d'étude IDC. L'Europe constitue la zone la plus importante de ce marché, avec 43%. Elle est suivie des Etats-Unis (40%), de l'Asie (12%), et du reste du monde (5%).
Plusieurs faits remarquables caractérisent ce marché :
Il s'agit d'un marché très fragmenté, presqu'entièrement détenu par les petites structures. En effet, le chiffre d'affaires cumulé des 30 acteurs les plus importants ne représente guère que 27% du marché total.
Au sein même de cette liste des 30 acteurs les plus importants, les disparités de taille sont énormes : quoi de commun entre Global Linguist Solutions (environ 700 millions de dollars), le numéro 1, et SEPROTEC, numéro 30, qui réalise seulement 20 millions de dollars de CA ?
Les principaux acteurs du marché sont installés aux Etats-Unis (59% des trente grands) et au Royaume Uni (16% d'entre eux). Seule une société française fait partie des « grands » de la traduction professionnelle, et encore s'agit-il de la filiale spécialisée de... Hewlett-Packard !
Au sein de ce marché, certaines entreprises vivent une croissance extrêmement forte. D'une année sur l'autre, il n'est pas rare d'observer, chez tel ou tel acteur, une croissance supérieure à 20%, avec, parfois, des doublements de taille. Deux raisons principales : l'obtention de gros contrats pluri-annuels avec certains grands clients, et, le plus souvent, l'acquisition d'entreprises concurrentes. Car, sur ce marché très dynamique, les consolidations vont bon train... sans pour autant réduire le taux de fragmentation, dû à l'arrivée constante de nouveaux intervenants.
Le marché de la traduction-localisation est aussi très sensible à la parité entre le dollar et l'euro. En effet, les principales firmes comme les principaux clients sont américains : la traduction est donc souvent vendue en dollars. Mais on traduit avant tout vers les langues européennes, et les achats sont donc réalisés en euros. Le dollar étant aujourd'hui particulièrement faible face à l?euro, il fragilise la compétitivité des grandes entreprises de traduction, ce qui se répercute sur toute la chaîne, car la pression est forte sur les tarifs à l'achat. (De grandes structures américaines de traduction achètent à des plus petites, basées en europe, qui achètent elles-mêmes à des traducteurs indépendants).
Aux Etats-Unis, le multiculturalisme croissant développe une demande croissante de la part des acteurs publics. Nombreuses sont les administrations qui doivent traduire leurs documents à destination des usagers dans de multiples langues, représentatives de la mixité culturelle américaine.
Dans les pays en voie de développement, et dans les zones d'Asie les plus dynamiques se développe une demande de traduction où langue source et langue cible sont orientales. Pour le dire autrement, l'anglais perd peu à peu son rôle de langue-pivot dans la traduction : là où on aurait traduit du japonais en anglais avant de porter le texte en chinois par exemple, l'offre permet aujourd'hui d'opérer des traductions directes.
Une croissance forte et continue
Le marché de la traduction est en croissance continue depuis une vingtaine d'années. Pourquoi ? Il existe plusieurs raisons principales.
Avant tout, la traduction répond à un besoin fondamental : communiquer en s'affranchissant de l'obstacle de la langue. Alors que l'acte de communication n'a jamais été rendu aussi facile par les nouvelles technologies (Internet, téléphonie portable, satellites, etc.), et que les frontières ne cessent de disparaître avec la constitution de grandes zones de libre-échange (USA, UE, Alena, etc.), les langues constituent encore un obstacle incontournable au dialogue interculturel. Plus les technologies se développeront, plus le libre échange des biens et des personnes sera encouragé, plus le marché de la traduction se développera.
Plus précisément, la mondialisation pousse les entreprises à gagner sans cesse de nouveaux territoires. A chaque fois, elles doivent réapprendre à communiquer dans la langue de leurs nouveaux clients si elles veulent vendre à l'étranger.
Conjointement à cette expansion économique des entreprises, les échanges sont de plus en plus réglementés, « judiciarisés », ce qui est la source de nouveaux textes, règlements, contrats, etc. Avec une très forte tendance à imposer les concepts à la source du droit anglo-saxon un peu partout dans le monde.
Pour proposer les nouvelles technologies à un public toujours plus vaste, les industriels simplifient sans cesse les interfaces d'utilisation, ce qui, a contrario, encourage la création de documentations toujours plus étoffées, plus complètes : il existe une véritable inflation des textes d'aide (sites Web, documentations, fichiers d'aide, livres, forums, blogs...), dont une très grande partie doit être traduite. Dans le même ordre d'idées, les entreprises mettent désormais en ligne leurs bases de connaissances, à l'origine destinées aux services d'assistance technique, pour réduire la croissance permanente des plateaux d'appels.
Enfin, il existe un gigantesque réservoir de textes candidats à la traduction, mais qui ne sont pas traduits par manque de moyens financiers et humains. Language Weaver, un éditeur de solutions de traduction automatique, estime cette réserve au quadruple du marché de la traduction. C'est dire que la demande n'est pas prête de se tarir.
Une offre fragmentée
On l'a dit, la principale caractéristique du marché de la traduction, c'est la fragmentation de l'offre. Cela tient à plusieurs raisons.
La principale, c'est qu'il n'existe aucune barrière à l'entrée. Pas besoin d'être diplômé pour s'établir comme traducteur. Tout un chacun peut décider de s'installer, sans compte à rendre. Il n'existe ni numerus clausus ni accréditation contraignants. Comme l'investissement préalable est assez faible, la tentation est grande de faire de la traduction une activité complémentaire, un peu comme on déciderait de coller des enveloppes ou d'organiser des réunions Tupperware à domicile. D'un autre côté, cette simplicité d'installation a aussi permis la constitution de nombreuses entreprises qui ont ensuite su se développer harmonieusement sur une longue durée, et de nombreux grands acteurs du marché n'y figureraient pas aujourd'hui si le démarrage avait été contraignant.
Par ailleurs, la traduction est perçue par ses clients comme une activité de « commodité ». À l'instar du plombier, du serrurier, du médecin ou du notaire, le traducteur dépanne un client en situation d'urgence. On n'achète jamais une traduction par plaisir, mais par nécessité. Avantage : le client est toujours en situation d'achat, il n?est pas nécessaire de le convaincre du bien-fondé de sa dépense. Inconvénient : comme il ne perçoit pas de différence de positionnement entre les acteurs, ses seuls critères de choix se réduisent à la rapidité et au coût de la prestation.
Corollaire du point précédent, la diversité des travaux de traduction est étonnante. Menu de restaurant, descriptif touristique, site Web, cours de cuisine, papiers d'identité, plaquette sur le paludisme, jugement, manuel de matériel de fitness, scénario pour un clip publicitaire, formulaire bancaire, communiqués de presse... Tout se traduit, tout le temps, dans toutes les langues.
Il est rare que les clients soient sensibles à la taille de l'entreprise de traduction à laquelle ils font appel. Ce critère ne joue que dans le cas de très gros projets, pour lesquels la part qu'ils représentent dans le chiffre d'affaires du fournisseur constitue un risque industriel à gérer pour le client. La plupart du temps, il n'y a aucun critère de marque ou de taille. Le client recherche simplement « un traducteur ». Tout le monde a donc sa chance. Ce qui revient là encore à dire qu'il est très difficile de trouver un positionnement différenciant pour les officines de traduction généralistes.
Enfin, la demande est toujours locale. Petits ou grands, les clients achètent la traduction là où ils sont eux-mêmes installés. Même lorsqu'ils concluent d'importants contrats mondiaux, les clients internationaux qui les suscitent autorisent dans le même temps leurs filiales nationales à acheter de la traduction chacune dans son pays. C'est pour cette raison que les grandes entreprises de traduction continuent d'entretenir des filiales ou des bureaux dans de très nombreux pays, alors même que le métier lui-même est totalement dématérialisé. Ces agences locales leur permettent de trouver de nouveaux clients dans chaque pays. De même, nombreux sont les groupes d'ampleur nationale qui ont plusieurs bureaux dans le même pays. Et certains ont aussi plusieurs marques : souvent, ils perpétuent les noms des sociétés rachetées au fil des ans.
Une clientèle diversifiée
Dans son ouvrage Profession traducteur, Daniel Gouadec décrit la demande de traduction en faisant appel à trois axes principaux : le domaine, du plus général au plus spécialisé ; le support, site Web, logiciel, vidéo ou texte ; et les outils nécessaires à la traduction, du plus simple vers le plus compliqué à maîtriser. Ainsi distingue-t-on un projet de traduction simple, relevant d'un domaine général, et n'exigeant aucun outil spécifique, comme, par exemple la traduction d'un descriptif touristique, et, à l'opposé du spectre, la localisation d'un logiciel spécialisé dans le placement du patrimoine financier des banques : il s'agit là d'un projet de traduction hyper-spécialisé, pour un support logiciel, et requérant la maîtrise d'outils spécifiques, comme les logiciels de traduction des interfaces logicielles. Entre ces deux extrêmes on trouve quantité de projets simples sur des matières complexes, et de projets traitant de sujets simples mais exploitant des supports qui requièrent des outils complexes. Car la demande de traduction est extraordinairement diverse, rien de ce qui est communiqué à une audience n'ayant vocation à y échapper.
C'est la raison pour laquelle on ne peut pas non plus identifier une clientèle spécifique. Tous les grands organismes, privés comme publics, sont clients de sociétés de traduction. Et tous le sont à la fois dans le cadre de leurs activités de production comme dans celui de leurs activités de support. La Direction financière, la Direction marketing, la Direction juridique, la Direction de la production, la Direction des ressources humaines... tous les services sont à un moment ou un autre consommateurs de traduction. C'est même la principale difficulté pour les agences : identifier un interlocuteur au sein de l'organisme, en évitant, si possible qu'il s'agisse de la Direction des achats. D?ailleurs, même les sociétés où le service Achats a sélectionné un ou deux prestataires agréés continuent de faire appel, de temps à autre, à d'autres agences de traduction ou traducteurs professionnels. Toutes ces raisons poussent à choisir de manière très claire entre deux approches radicalement opposées : soit les agences se positionnent en tant qu'acteurs généralistes, et elles tentent de vendre un peu à tout le monde, soit elles décident d'une approche de spécialiste pointu, et elles ciblent uniquement le service a priori acheteur de leur prestation, ou les sociétés clientes elles-mêmes spécialisées. C'est le cas, par exemple, dans le domaine financier et juridique, ou dans le secteur médical. Il est extrêmement rare que la même agence de traduction se positionne sur les deux secteurs à la fois.
Tout comme on peut décrire la demande de traduction selon trois axes, il est possible de définir des segments de marché de la même façon. L'axe des clients distingue le tout-venant, les « grosses PME » et les grands comptes, l'axe des prestations distingue la traduction simple de la traduction à valeur ajoutée, et sur l'axe des prestataires, on distinguera les cas où le segment est ouvert à tous de celui où il est restreint à quelques opérateurs privilégiés, voire à de rares opérateurs exclusifs. Par exemple, la localisation des logiciels Microsoft, pour les langues majeures au moins, est clairement un segment de traduction à valeur ajoutée pour un grand compte, réservé à quelques opérateurs exclusifs. En revanche, de nombreuses PME importantes ouvrent des marchés à plusieurs prestataires agréés qu'elles sélectionnent sur l'ensemble du marché pour traduire l'intégralité de leurs documents, en y apportant la valeur ajoutée nécessaire. Comme toujours lorsqu'on segmente un marché, on voit qu'il est à peu près impossible de couvrir l'ensemble des niches identifiées : les très grands opérateurs sont bien en peine de traduire les touts petits projets qui font le quotidien de la plupart des agences, mais les nombreuses petites agences sont incapables de gérer des projets vraiment importants.
Voilà l'essentiel de ce qu'il faut savoir au sujet du marché mondial de la traduction.
Gestion de projets : le témoignage d'un pro
Mario Bahlouli a été chef de projets dans le monde de la traduction pendant plus de quinze ans, avant de se réorienter et de rejoindre l'industrie, où il occupe un poste de Directeur commercial avec des responsabilités élevées. Il a bien voulu témoigner de son expérience de la gestion des projets de traduction, qu'il nous livre ci-dessous.
Je m'appelle Mario Bahlouli et je vais vous parler aujourd'hui du rôle du chef de projet. Tout d'abord, je vais définir ce que j'entends (ainsi que l'industrie en général et la traduction en particulier) par chef de projet. Le chef de projet est la personne responsable du bon déroulement d'un projet. Dans mon discours, je vais employer IL pour parler du chef de projet non pas par sexisme mais parce que chef de projet est masculin. Les filles font d'excellents chefs de projet et pour ma part, j'ai plus souvent eu à faire à des chefs de projet femmes qu'à des hommes. La traduction comme mes congénères ne manqueront pas de s'en apercevoir très vite, est un métier assez féminisé et c'est certainement ce qui à fait naître en moi une vocation ;-)
Ceci dit, le chef de projet est responsable du bon suivi des procédures (qu'il en soit l'auteur ou non), de la gestion des ressources autant internes qu'externes, du budget, de la qualité, du délai et surtout de la communication avec le client.
Je vais insister sur ce point car il me semble le plus important.
En effet, n'importe qui peut envoyer et recevoir de fichiers à traduire, faire passer des glossaires, donner des instructions, tenir un budget ou un délai et ce qui fait un bon chef de projet n'est pas forcément du ressort des compétences ou de la formation.
Typiquement, un chef de projet en traduction est issu du milieu de la traduction. C'est un traducteur, un éditeur ou relecteur, un ingénieur, bref, une personne qui a fait ses classes dans le milieu de la traduction, en a peu à peu gravi des échelons pour finir par occuper cette place enviée entre toute : celle de chef de projet.
Je disais tout à l'heure que l'aspect qui me paraît le plus important dans le travail d'un chef de projet c'est la communication avec le client final. Le client qui confie la traduction d'un projet à une agence de traduction le fait principalement pour deux raisons : la première parce qu'il n'a pas les ressources en interne la seconde parce qu'il n'a pas le savoir faire en interne. Alors ce savoir faire dont il ignore tout dans la plupart des cas (tout comme vous ignorez tout de la mécanique lorsque vous aller faire réviser votre voiture au garage), il suppose que son interlocuteur le possède. Nous venons de le dire, son interlocuteur (en l'occurrence le chef de projet) n'a qu'une connaissance partielle des tâches qu'implique le projet. Le chef de projet ne peut tout savoir sur tout mais il doit malgré tout faire comme si pour le client final.
Le chef de projet n'est rien d'autre que l'interface entre les différents intervenants d'un projet et le donneur d'ordre. Il est responsable de tout mais ne fait rien (j'entends par là qu'il ne traduit pas, ne relit pas, ne compile pas, ne double pas, ne fait pas de mise en page etc.) Pour donner un exemple simpliste, le chef de projet c'est la nourrice à qui la mère confie son bébé après l'avoir porté, lui avoir donné naissance, l'avoir nourri et s'en être occupé durant les premières semaines de son existence. La mère pense qu'elle est la personne qui connait le mieux son bébé, qu'elle est la seule qui sache vraiment s'en occuper, qu'elle sait anticiper ses besoins et répondre à ses moindres demandes. Malgré tout, il arrive un moment où la mère doit s'en séparer provisoirement et bien qu'elle le confie à une personne dont c'est le métier, elle a des doutes et des craintes. La nourrice, outre son savoir-faire avec les bébés, doit prendre en compte cette dimension.
Pour le chef de projet, il en va de même. Le client sait bien que c'est le métier de l'agence et du chef de projet de traduire mais il ne peut s'empêcher d'être inquiet.
Des tas de choses sont en jeux. Le client a investi du temps et de l'argent dans le développement d'un produit qu'il veut faire traduire. Il représente un défi stratégique pour l'entreprise, sa survie économique, ou d'autres enjeux. Le chef de projet doit donc rassurer le client, lui parler très régulièrement, le mettre au courant du degré d'avancement, des défis dus au changement de langue, des possibles différences culturelles faisant qu'une traduction est possible ou non et l'impliquer dans le processus de traduction afin de l'éduquer.
Nous en arrivons donc à la grande question : qu'est-ce qui fait un bon chef de projet ?
Nous avons vu précédemment que toute personne ayant un minimum de bon sens et d'expérience de la traduction peut devenir chef de projet. Ce qui à mon avis fait un bon chef de projet, c'est son implication personnelle. Un chef de projet capable de créer ce climat de confiance avec son client est assuré du succès. Bien entendu, jamais rien ne se déroule comme prévu, un tas de problèmes peuvent surgir : des fichiers mal traduits, un glossaire inapproprié, une mauvaise post-synchronisation, un traducteur qui ne rend pas ses fichiers, des produits qui ne se compilent plus une fois traduits, une mise en page impossible en raison d'un volume supérieur du produit traduit par rapport au produit initial, etc, etc.
Le chef de projet qui applique les règles au pied de la lettre peut se trouver malgré tout dans une mauvaise posture. Il aura beau infliger des pénalités de retard, chercher des solutions de rechange, faire appel à d'autres intervenants ou râler dans son coin, la seule chose qui compte aux yeux du client c'est que son produit est soit mal traduit, soit pas traduit du tout soit, dans le meilleur des cas en retard ou ayant dépassé le budget initialement prévu. Le chef de projet, même si comme nous le disions plus tôt n'est en aucun cas responsable de ces problèmes, il est reste le porte parole. Le client n'a comme recours que de s'en prendre au chef de projet et la plus infinie des patiences peut être nécessaire pour faire face à cette pluie de calamités et de reproches qui ne manque jamais d'arriver car le monde de la traduction, comme tout les autres mondes, n'est pas parfait.
Alors, que faire ?
Et bien pas grand-chose. Communiquer, rester stoïque sous le déluge et s'appuyer sur cette confiance et se basant sur ce partenariat mis en place pour faire comprendre au client les implications, les raisons, les mesures prises pour remettre le projet dans le droit chemin.
Un fait reste certain : la traduction n'est pas prête et ni lui ni vous n'y pouvez rien. Vous devez trouver soit ensemble soit pour le client, les solutions adaptées. La seule chose qui peut vous sauver, c'est votre confiance en vous, le degré de confiance établi entre vous et votre client et les mesures que vous aurez prises ou incluses dans le processus pour faire face aux catastrophes.
Par certains aspects, le travail du chef de projet se rapproche de celui du commercial. Il doit vendre son projet, se vendre auprès de son client afin que quelles que soient les circonstances, le client soit toujours persuadé que le chef de projet est la personne qui s'occupe le mieux de son 'bébé'.
Voilà, j'espère cette présentation du rôle de chef de projet un peu originale, puisque j'ai volontairement omis l'aspect formation à ce métier (que pratiquement tout un chacun peu suivre) pour m'attacher plus particulièrement à son aspect humain.
En somme, à mon avis, ce qui fait un bon chef de projet c'est sa personnalité, la patte qu'il imprime à ses projets et les relations qu'il tisse avec ses clients. Ce sont là ses garanties de succès à compétence et à expérience égale. Un grand communicateur peut vous faire accepter toutes les catastrophes et réduire voire annuler le risque de passage en mode panique avec toutes les conséquences que cela implique.
Merci et à bientôt !
Traduire avec la dictée vocale
Une traductrice freelance anglais-français, spécialisée en informatique témoigne aujourd'hui des méthodes qu'elle utilise pour accroître sa productivité et traduire plus de mots par jour.
« J'ai une formation d'ingénieur, et j'ai travaillé une dizaine d'années au sein d'un grand cabinet de conseil, avec une forte orientation informatique et organisation. Je me suis établie à mon compte comme traductrice freelance. A titre personnel, je suis très intéressée par les outils informatiques qui permettent d'accroître la productivité du traducteur, par la combinaison de ces outils, et par les questions d'organisation que cela soulève.
3 000 mots... de l'heure !
Cela fait maintenant plusieurs années que je combine les atouts des logiciels à mémoire de traduction avec ceux de la reconnaissance vocale. En fait, je dicte mes traductions à mon ordinateur, tout en bénéficiant des mémoires que je me suis constituées au fil du temps. On considère en général que la dictée vocale permet de taper un texte trois fois plus vite qu'avec la frappe au clavier, puisque l'on prononce 120 mots à la minute alors qu'on en tape rarement plus de 40 dans le même délai. En ce qui me concerne, le gain de productivité est bien supérieur, puisque je peux parfois traduire 2 000 mots de l'heure, voire 3 000 lorsque les circonstances s'y prêtent. J'utilise Dragon Naturally Speaking en liaison soit avec SDL Trados 2007 soit avec IBM Translation Manager. Cela dit, je ne travaille jamais plus de 6 heures dans la journée avec ces outils : dicter fatigue. J'alterne traduction assistée et relecture, et j'interromps les sessions de traduction de documents longs, comme les manuels, pour réaliser des traductions courtes, comme les communiqués de presse.
La dictée vocale convient bien aux textes assez rédactionnels, comportant peu de noms de propres et peu de balises. Elle contraint à construire mentalement la phrase entière avant de la dicter. Si on se lance trop vite dans la dictée, sans savoir exactement comme la phrase sera construite à l'arrivée, on court le risque de devoir s'interrompre et revenir en arrière, ce qui fait perdre le bénéfice de la rapidité. Lorsque la phrase est bien structurée, elle s'inscrit correctement à l'écran, sans qu'il soit nécessaire de revenir sur les accords grammaticaux. C'est très satisfaisant. Si la phrase comporte trop de mots inconnus, tout le château de cartes s'écroule : la frappe est incorrecte, il faut stopper la dictée, revenir au clavier pour corriger et... perdre du temps.
Travailler phrase par phrase
De façon systématique, dès qu'une phrase a fini de s'écrire à l'écran, je m'arrête quelques secondes de dicter pour la relire et contrôler qu'elle ne comporte pas d'erreur majeure. Il ne s'agit pas d'une vraie relecture, que je pratique ensuite sur la totalité du texte, mais d'un contrôle de fiabilité. Si quelque chose ne va vraiment pas, il faut corriger tout de suite, au risque, sinon, de ne plus du tout comprendre le sens de ce qui a été tapé à cet endroit. Je corrige au clavier : il est possible de guider le logiciel à la voix pour revenir en arrière, supprimer un mot, etc., mais je ne suis pas à l'aise avec ces commandes-là.
La voix ne supprime pas les interventions au clavier, puisqu'il faut revenir sur les balises lorsqu'on travaille avec un outil de TM. En fait, lorsqu'on utilise la dictée vocale, il faut apprendre à ne pas aller plus vite que le logiciel, et s'astreindre à travailler phrase par phrase. Bien sûr, il ne faut pas non plus bredouiller, utiliser d'interjections, etc. Lorsque j'utilise la dictée vocale seule, sans outil de TM, j'imprime mon texte source, je le suspends à une pince placée devant mes yeux et je dicte sans utiliser le clavier du tout. Dans ces cas-là, je parviens à traduire 3 000 mots de l'heure, pour un texte court.
Traduire ou réviser, il faut choisir
A un moment, j'ai tenté d'associer la dictée vocale, la Mémoire de traduction et la traduction automatique. J'utilisais Trados 2007 avec l'outil de traduction automatique, qui se déclenche lorsque le logiciel ne trouve pas de concordance. Dans ce cas, Trados interroge le serveur de traduction automatique de SDL, qui lui renvoie une phrase qui s'inscrit à l'emplacement du segment cible, exactement comme si Trados avait renvoyé un segment trouvé dans sa mémoire. Je n'ai pas pratiqué ce système assez longtemps pour me faire une opinion définitive. Mais je n'ai pas trouvé ça très pratique, parce que cela contraint à travailler à la fois en mode traduction et en mode révision. La plupart des segments traduits automatiquement nécessitent d'être revus. On doit alors choisir entre trois options : conserver le segment et le réviser en utilisant la dictée ; le conserver et le réviser en utilisant le clavier ; ou le supprimer et dicter quelque chose d'autre à la place.
En fait, il faudrait bénéficier d'une indication du logiciel de traduction automatique pour détecter instantanément si le segment proposé a des chances d'être d'une qualité suffisante pour être conservé et révisé ou s'il est plus probable qu'il soit d'une qualité insuffisante et doive être supprimé. Après tout, le moteur de traduction est en mesure de calculer la probabilité d'exactitude de la proposition qu'il renvoie. En tous les cas, le plus difficile pour moi, c'est vraiment de travailler simultanément en tant que traductrice et comme réviseuse, et de m'interroger à tout instant pour déterminer quel mode de raisonnement adopter face à telle ou telle phrase. Cela prend un peu de temps à chaque fois, et perturbe la fluidité du travail. D'où l'idée d'un indicateur de qualité probable de la traduction qui serait renvoyé par le moteur, à la façon dont les mémoires de traduction renvoient un pourcentage de concordance.
Retour aux fondamentaux
Je n'ai pas le sentiment que la dictée vocale soit facteur de risque en matière de qualité de traduction. Peut-être y a-t-il une légère dégradation due au travail phrase par phrase, qui interdit la reformulation / recomposition des phrases entre elles. Cela dit, comme je revois chaque texte après avoir mis à jour la mémoire, et que je recompose mes phrases à ce moment-là, je ne suis pas gênée par cet aspect. D'ailleurs, le temps nécessaire à la révision d'un texte dicté n'est pas supérieur à la durée de relecture d'une traduction tapée au clavier.
De ce point de vue, il y a une nette différence entre la dictée vocale et la traduction automatique, car la traduction automatique impose de revoir intégralement chaque proposition, et que le degré de relecture imposé crée un risque en matière de qualité. En fait, la traduction automatique suppose que le traducteur travaille comme un réviseur, alors que la dictée permet au traducteur de revenir à son métier de base : le transfert et sa formulation, exactement comme il y a 30 ans, quand les traducteurs dictaient leur texte cible à des secrétaires. A cette époque, il aurait semblé saugrenu de demander aux traducteurs de taper leur texte eux-mêmes. C'est l'arrivée des logiciels à traitement de textes qui les y a forcé. Ils y ont nécessairement perdu en productivité (et en rémunération) puisqu'ils n'ont pas pour autant appris à pratiquer la sténodactylo.
De l'utilité des mémoires de traduction D'un point de vue organisationnel, rien n'empêche de confier un projet à plusieurs traducteurs distants qui partageraient une mémoire de traduction et dicteraient leur travail chacun chez soi. On peut donc partager un ouvrage sur plusieurs traducteurs produisant 2 000 mots de l'heure chacun... à condition qu'ils sachent utiliser un logiciel de dictée vocale. On peut aussi imaginer d'autres systèmes, comme un bouton « Traduire » placée sur une page Web qui enverrait le texte source à un traducteur travaillant en dictée vocale : on aurait ainsi un mode de traduction humain instantané. Autre possibilité, que je n'ai pas testée : lire sa traduction à un enregistreur, comme celui de l'iPhone par exemple, et confier le fichier son à Dragon Naturally Speaking pour une dictée asynchrone. Evidemment, ça ne permettrait pas d'exploiter une mémoire de traduction.
Finalement, est-ce que la mémoire de traduction apporte quelque chose à la dictée vocale ? Oui si l'on dispose d'un glossaire, car les termes présents dans le segment en cours de traduction s'affichent à l'écran, pendant que le traducteur construit mentalement la phrase qu'il va dicter. La mémoire de traduction permet aussi de relire plus aisément, puisque les segments source et cible sont alignés. Mais il est vrai que le système de dictée vocale réagit mal aux portions de phrases. Quand un segment est coupé par une balise, ou lorsqu'il faut le revoir en partie parce qu'il s'agit d'une concordance imparfaite (fuzzy match), la dictée ne convient pas, et il faut revenir au clavier. »
Comment Anyword traduit le site de la France
Lorsque nous nous sommes proposés pour assurer la traduction du site Web www.france.fr que le gouvernement français souhaitait mettre en place pour présenter la France sous son meilleur jour, nous avons cherché quel processus nous permettrait de concilier qualité et réactivité. Lors des nombreuses discussions que nous avons eues en interne à ce sujet, nous nous sommes très vite accordés sur un point central : il y aurait une équipe dédiée, composée d'internes et d'externes, pour prendre en charge le site www.france.fr chez Anyword. Il nous fallait donc identifier les traducteurs les mieux à même de travailler sur des textes assez rédactionnels, et qui abordent quantité de sujets très éloignés les uns des autres : quoi de commun entre un article sur la Constitution, une présentation du statut d'auto-entrepreneur, et le classement des meilleurs vins ? Outre un esprit ouvert et un appétit pour les sujets de nature encyclopédique, les traducteurs sélectionnés se devaient de faire preuve de grandes qualités rédactionnelles, d'une disponibilité étendue et... d'une certaine résistance au stress. Entre la pression du lancement du site, et la multitude de commentaires que leur travail ne manquerait pas de susciter partout sur le Web, les anxieux n'auraient pas résisté !
Une équipe dédiée
Nous avons donc choisi une dizaine de traducteurs, que nous connaissions tous assez bien et qui répondaient à ces critères, dans les quatre langues dont nous étions chargés (anglais, allemand, espagnol et italien). Une discussion approfondie avec eux, et entre nous, nous a permis d'en retenir six sur dix à chaque fois. Nous leur avons demandé de réaliser un test de traduction, que nous avons soumis, avec leur CV, à notre interlocuteur du Service d'informations du gouvernement (SIG). Celui-ci a fait valider les travaux par un responsable du Ministère des Affaires étrangères, qui a évalué les textes et les a hiérarchisé. A ce degré de qualité, tous étaient acceptables, mais le style de certains convenait mieux que d'autres aux attentes de notre client.
Objectif qualité
Une fois les traducteurs sélectionnés, nous nous sommes mis d'accord avec eux sur le processus de production. Chaque langue est confiée à deux traducteurs, qui se relisent mutuellement. Un troisième, qui ne traduit pas les articles du site france.fr, est chargé de réaliser un contrôle qualité par échantillonnage sur 20% des textes traduits et relus. Si le contrôle qualité détecte un niveau d'erreur supérieur à 1%, les textes repartent tous en révision, et un nouveau contrôle qualité est planifié. Rien n'est publié tant que les contrôles qualité donnent un résultat négatif. En outre, nous savons que le SIG fait procéder de son côté à des contrôles qualité impromptus sur une partie des textes publiés. Et nous en faisons autant ! Tous ces contrôles sont menés en se référant à la méthodologie et la grille de l'association LISA (Localization Industry Standards Association), le fameux LISA QA Model. Comme tous les acteurs de ce projet, qu'ils représentent le client, l'agence ou les professionnels extérieurs, s'appuient sur le même document, nous sommes sûrs d'éviter les malentendus.
Une méthodologie simple et efficace
Avant de démarrer le projet, nous avons organisé une réunion virtuelle de formation aux outils utilisés pour la traduction du site. En effet, nous devions impérativement utiliser le CMS (Content Management System) de publication des articles sur le site Web pour traduire les textes directement en son sein. Il était donc nécessaire d'expliquer son fonctionnement aux traducteurs, et d'organiser le travail de chacun autour de cet outil. Depuis que le projet a démarré et que la traduction dans les quatre premières langues a trouvé son rythme de croisière, nous organisons une réunion téléphonique bihebdomadaire avec les traducteurs pour faire remonter les éventuels problèmes et y répondre.
Nous menons ce projet de traduction depuis de nombreux mois maintenant, pendant lesquels notre méthodologie, simple et efficace, a fait ses preuves, tant pour gérer le lancement initial du site que pour traiter ses mises à jour quotidiennes. Au point que nous avons récemment été chargés de traduire le site www.france.fr dans une langue supplémentaire !
Quels sont les outils d'aide à la traduction ?
Les outils d'aide à la traduction sont légion. Si, il y a quelques années, le caractère amateur de certaines offres pouvait prêter à sourire, ce n'est vraiment plus le cas. Les éditeurs de logiciels qui proposent ces outils sont désormais des sociétés bien établies, qui ont vendu plusieurs milliers de licences et disposent d'une longue expérience de marché. Il est probablement impossible de répertorier toutes les offres, puisque chaque pays suscite ses vocations d'entrepreneur linguiste, dont la visibilité à l'international n'est pas assurée. Nous ne regroupons dans cette liste que les logiciels les plus connus, mais nous serons heureux de la faire évoluer avec vos demandes au fil du temps.
Mémoires de traduction
Les logiciels à mémoire de traduction enregistrent chaque phrase traduite par un traducteur dans une base de données où se trouvent stockées à la fois les textes source (la phrase à traduire) et le texte cible (la phrase traduite correspondante). Du coup, lorsque le logiciel détecte que la phrase en cours a déjà été traduite par le passé (ou qu'une phrase déjà traduite lui ressemble beaucoup), il renvoie au traducteur la phrase cible qu'il a mémorisée. Cela permet au traducteur de gagner du temps, et aux projets de gagner en cohérence : tout ce qui se répète est traduit pareil. Beaucoup de traducteurs restent réticents à utiliser cet outil, parce qu'il tend à uniformiser les travaux. Mais les logiciels à mémoire de traduction sont chaque année plus nombreux, et ils permettent de concilier l'amélioration continue de la qualité avec les efforts de réduction des coûts. Difficile, donc, d'y échapper.
- Across
- Alchemy Catalyst
- Anaphraseus
- Déjà Vu
- Google Translator Toolkit
- Heartsome
- MemoQ
- MetaTexis
- MultiTrans
- OmegaT
- Similis
- STAR Transit
- SDL Trados
- Wordfast
Gestion des projets de traduction
Les logiciels de gestion des projets de traduction permettent aux agences ou aux grands clients de gérer tous les aspects du déroulement d'un projet de traduction. Du devis initial au règlement de la facture, en passant par l'envoi des fichiers à traduire aux traducteurs et leur récupération pour relecture, toutes les étapes de la vie d'un projet sont simplifiées par l'emploi de ces outils. La plupart sont des logiciels accessibles en ligne (SaaS), mais certains peuvent être installés sur un serveur installé dans les locaux de l'entreprise cliente, comme Project-Open ou TpBox par exemple.
- Lingotek
- ]Project Open[
- TpBox
- Web Translate It
- Wordbee
- XTM
- XTRF
Terminologie
Les logiciels de gestion de la terminologie sont moins nombreux que les autres, car la plupart des utilisateurs concernés utilisent leurs propres solutions (Microsoft Excel souvent) ou font appel à l'outil de terminologie intégré de leur logiciel à mémoire de traduction. Il existe aussi des outils spécialisés dans l'extraction des termes isolés à partir des textes à traduire, mais ceux-ci sont rarement commercialisés.
Logiciels de traduction automatique
Lorsqu'on dit "Traduction assistée par ordinateur", c'est souvent à eux que l'on pense. Popularisés par Google Translate et Babelfish, ces logiciels tentent de remplacer le traducteur humain en analysant les textes à traduire et en le traduisant directement grâce à l'emploi de dictionnaires très fournis. Cela fonctionne avec des fortunes diverses, même si des progrès très importants ont été réalisés ces dernières années avec les moteurs dits "hybrides".
- PROMT
- Reverso
- SDL Be Global
- Systran
Comment choisir son agence ?
À première vue, toutes les agences de traduction proposent des services similaires et tiennent un discours identique. Comment vous différenciez-vous ? Pourquoi choisir une agence de traduction plutôt que l'autre ? Pour quelles raisons faire appel à l'agence de traduction Anyword ?
Il est très difficile de sélectionner une agence de traduction sur des critères objectifs avant d'avoir travaillé avec elle au moins une fois. Il existe quelques très grandes agences de traduction, implantées dans le monde entier, et beaucoup de toutes petites officines où le patron fait tout, tout seul. Or il n'est pas nécessaire d'être une très grande agence de traduction pour proposer de nombreux services de traduction en plusieurs langues, puisque les travaux sont sous-traités à des traducteurs professionnels.
Ainsi, on dénombre en France environ 2000 agences de traduction, dont le chiffre d'affaire varie entre 12 millions d'euros et moins de 150 000 euros annuels. (On estime en général le chiffre d'affaires annuel global de la traduction en France à environ 1 milliard d'euros). Seules 300 agences ont un CA supérieur à 200 000 euros (chiffres 2007). Parmi elles, des entités très anciennes, très respectées par les gens du métier, voisinent avec des entreprises de création très récentes. Anyword fait partie des 50 premières agences, après seulement quelques années d'existence. Nous avons d'ailleurs publié la liste des principales agences de traduction sur le blog L'Observatoire de la traduction.
Toutefois, la traduction rassemble un petit nombre de professionnels expérimentés, qui pratiquent ce métier depuis de nombreuses années : ils savent comment analyser un projet, définir le meilleur processus en fonction des objectifs à atteindre, affecter les traducteurs et choisir les outils les plus pertinents.
Finalement, le vrai critère de sélection, c'est l'expérience de vos interlocuteurs. Par exemple, le fondateur de l'agence de traduction Anyword a dirigé une première agence de traduction pendant près de dix ans avant de fonder celle-ci. Il a pris le temps de s'entourer d'une équipe de professionnels expérimentés tant en Gestion de projets qu'en Administration ou en Ventes. Pour juger de notre professionnalisme, il suffit d'avoir une conversation téléphonique avec eux, et d'analyser la pertinence des questions qui vous sont posées au sujet de votre projet.Bien sûr, vous pouvez aussi consulter nos références client, qui vous en diront autant qu'un long discours.